114 CLASSIQUE (s)

Après Niobe de Steffani paru en janvier 2014, Philippe Jaroussky et Karina Gauvin reviennent avec une autre rareté : cet opéra en trois actes composé sur un livret italien. C'est le premier opéra-comique de Händel depuis Agrippina beaucoup plus ancien, rompant avec le style opera seria pour lequel le compositeur était connu à Londres. L'opéra avait été refusé par l'opéra Royal Academy of Music en 1726 à cause de son côté frivole, il fut représenté un peu plus tard lors de la saison 1730 au King's Theatre, et comme toujours, le compositeur allemand termina la partition deux semaines avant la première ! Emmenés par un Philippe Jaroussky et une Karina Gauvin royaux, ce Partenope révèle également la formation baroque montante, Il Pomo d'Oro dirigé par Riccardo Minasi.

Le quatuor des Kapsber'girls formé en 2015 adresse un clin d'oeil au virtuose compositeur du début du XVIIème siècle qu'est Girolamo Kapsberger. L'extrême variété de son oeuvre témoigne de son immense talent, mais aussi de l'effervescence artistique de l'Italie prébaroque. Ses quatre livres de Villanelles sont de véritables joyaux musicaux qui nous transportent au coeur d'un univers poétique contrasté. L'incroyable richesse des couleurs des airs nous entraîne à rêver et nous laisse une agréable sensation de nostalgie... Avec Che fai tù?, Les Kapsber'girls nous offrent une interprétation unique de l'oeuvre de Kapsberger : énergie et vitalité empruntées aux musiques "populaires", colorations tirant dans les tons de musiques actuelles et envie fébrile de chercher le neuf dans l'ancien sont ici à l'ordre du jour.

Inspirée d'une Psyché signée Lully, Molière, Corneille et Quinault, la Psyche de Locke fut un véritable feu d'artifice artistique : cherchant à rivaliser en splendeur avec les opéras du continent, elle mêlait avec gourmandise théâtre, chant, danse, décors et machines spectaculaires. Sébastien Daucé s'est livré à un formidable travail de reconstitution de ce chef-d'oeuvre essentiel dans l'histoire de la naissance de l'opéra anglais.

Durant cinq décennies, la chanteuse-compositrice Meredith Monk a exploré ce qu'elle appelle le "discours primordial", ces sons non-verbaux émis par la voix qui s'étendent en-dessous et au-delà du langage, exprimant "ce pour quoi nous n'avons pas de mots". Cette exploration l'a menée à créer de la musique décrite par The New Yorker comme simultanément "viscérale et éthérée, brute et passionnée", un art qui "chante, danse et médite sur des forces éternelles". Avec ce disque elle aborde les thèmes de l'écologie et du changement climatique. Elle explique que "l'oeuvre est une méditation sur notre connexion intime à la nature, ses structures internes, la fragilité de son écologie et notre interdépendance." Les voix et les instruments ont une importance égale : parfois, chacun est entendu seul, parfois, ils sont mélangés pour former un son nouveau et mystérieux et parfois ils sont assemblés pour former des paysages sonores complexes et stratifiés bien que transparents.

"Enfin la voilà faite, cette maudite sonate ! Plaira-t-elle, ne plaira-t-elle pas ? That is the question..." écrivait, non sans humour, Saint-Saëns à propos de son deuxième quadrupède pour violoncelle et piano. Le violoncelle ? Il l'adore, bien au-delà du célèbre Cygne... Il ne put pourtant terminer la troisième Sonate, restée à l'état de manuscrit et qu'Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel ont restitué avec émotion et total respect. Quant au Concerto, il fait aujourd'hui partie des musts absolus du répertoire concertant pour violoncelle.

Tout comme son petit frère, le célèbre violoncelliste Sheku Kanneh-Mason, Isata jongle entre sa vie de concertiste et ses études à la Royal Academy of Music de Londres. Après avoir atteint la finale de la catégorie piano au concours BBC Young Musician en 2014, Isata poursuit sa carrière solo avec un album qui dresse un portrait musical vibrant de Clara Schumann, pionnière des femmes compositrices. Accompagnée par le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra sous la baguette de Holly Mathieson, Isata interprète notamment le Concerto pour piano que Schumann a écrit à seulement 13 ans.

Situé entre la symphonie et la musique de chambre, l'Octuor pour vents et cordes de Schubert témoigne d'une nouvelle force créative lors d'un chapitre sombre de la vie du compositeur affaibli par la maladie. D'une puissance imaginative, entrelaçant allégresse et inquiétude, l'oeuvre rend hommage au septuor de Beethoven tout en dévoilant un langage poétique et lyrique dans lequel s'annonce l'aube du Romantisme. Un chef-d'oeuvre singulier autour duquel se réunissent des interprètes hors pair, le quatuor Modigliani et quatre invités de haut vol pour les vents.

Cinquième opus de la collection dédiée à la Mélodie française réalisée par le Palazzetto Bru Zane et le label Aparté. Aujourd'hui inconnu même des amateurs férus de raretés, Fernand de La Tombelle fut pourtant un organiste virtuose, un pédagogue apprécié (fondateur de la Schola Cantorum avec d'Indy) et un compositeur exigeant et raffiné. En témoignent ces mélodies qui couvrent une large période de sa vie de créateur, menant du romantisme de Saint-Saëns à l'Après-Guerre de Poulenc. Le traitement musical fait une large place à la vocalité héritée de Massenet, mais la richesse harmonique et la diversité des climats montrent que La Tombelle n'est pas qu'un épigone.

Formant depuis plusieurs année un duo percutant sur scène, Marie-Laure Garnier et Célia Oneto Bensaid enregistrent un premier album pour NoMadMusic. Mélange ingénieux entre les oeuvres d'Olivier Messiaen, Francis Poulenc et des Negro-spirituals, ce disque chante le sacré et l'espoir pour célébrer une société métissée, riche de sa culture multiple.

"à travers Mariam Batsashvili, Liszt s'adresse à une nouvelle génération", écrit le magazine Pianist. Liszt occupe une place singulière sur le deuxième album de la pianiste Mariam Batsashvili, principalement consacré à des transcriptions pour piano techniquement redoutables d'opéras, de mélodies et de musique d'orgue.

Le jeune pianiste français Kim Bernard, premier lauréat de la Fondation Gautier Capuçon, inaugure cette nouvelle collection avec un premier album consacré à des oeuvres pour piano de Chopin, Debussy et Ravel. "Je sais combien il est difficile d'accéder à une carrière de musicien classique et la pandémie n'a fait qu'aggraver les choses. C'est pourquoi j'ai souhaité aller encore plus loin dans l'accompagnement et la transmission pour aider les jeunes musiciens talentueux dans la réalisation de leur rêve". Gautier Capuçon.